La Théorie Monétaire Moderne (MMT) s’applique-t-elle dans les pays du Sud ? Dans mon article de présentation des apports de la MMT, publié dans la revue Contretemps, je m’étais volontairement focalisé sur les pays du Nord. J’ai depuis animé deux émissions consacrées aux pays du Sud, en partenariat avec la revue Positions et l’association MMT France :

  1. Le 26 février 2022, une émission sur la souveraineté monétaire dans les pays du Sud avec l’économiste Fadhel Kaboub, spécialiste de la Théorie Monétaire Moderne (MMT).

2. Le 29 janvier 2022, une émission sur l’économie internationale avec l’économiste sénégalais et champion de Scrabble N’dongo Samba Sylla.

Le problème est le suivant : en théorie, un État émetteur de sa propre devise n’est pas contraint financièrement. Il peut parvenir au plein-emploi et satisfaire les besoins de sa population par création monétaire pure, sans avoir besoin de s’endetter en monnaie étrangère. Pour que la MMT puisse déployer sa pleine puissance et offrir une perspective émancipatrice aux pays du Sud, il faut que cette proposition reste valable universellement. Pourtant, ces principes théoriques doivent être affinés car, du fait de règles commerciales iniques, les pays « périphériques » sont actuellement contraints d’importer leur nourriture et leur énergie, et donc de s’endetter en monnaie étrangère. Si ces contraintes sont bien la résultante de choix politiques et donc, en un sens, des contraintes « auto-imposées », le retour en arrière est complexe et nécessite de préparer un éventail de scénarios de transition, du plus optimiste au plus pessimiste. La question se pose particulièrement pour les pays emprisonnés dans des unions monétaires, comme le franc CFA, qui auraient besoin de plans précis pour créer une monnaie nationale.

En complément des deux émissions précédentes, j’avais également évoqué ce débat lors du Global Forum for Democratizing Work, auquel j’ai participé le 6 octobre 2021 avec l’association MMT France et l’ex-députée tunisienne Mabrouka M’barek.

En conclusion, la MMT offre bien une perspective émancipatrice aux pays du Sud, mais à condition de s’enrichir des analyses des économistes du développement comme Samir Amin, un travail que les spécialistes de la MMT sont actuellement en train de mettre en oeuvre.